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République Démocratique du Congo (RDC) : Situation des Banyamulenge (Tutsi ou Banyarwanda)

Discours de haine contre les Rwandais, les Tutsi et la communauté Banyamulenge

  • « [...] le M23 a exploité le discours selon lequel il protégeait de l’extermination les populations congolaises tutsies et Banyamulenge de l’est de la République démocratique du Congo. [...]

ce discours génocidaire a créé un terrain dangereusement fertile pour l’incitation à la peur, les discours haineux et les représailles violentes, y compris les meurtres, contre les populations susmentionnées par ceux qui s’opposent au M23 [...] »

UN, ‘Lettre datée du 13 juin 2023, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo’, 13 juin 2023, p. 26, consulté le 27/09/2023.
 

  • « Depuis la recrudescence, en 2022, des attaques commises par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, les parties au conflit font de plus en plus appel aux loyautés ethniques, suscitant une vague de discrimination à l’encontre des Banyamulenge et des communautés tutsies, que beaucoup au Congo considèrent comme des partisans du M23. »

Human Rights Watch, ‘En RD Congo, le ciblage ethnique perturbe le processus électoral’, 9 mai 2023, consulté le 27/09/2023.

 

  • « Les discours haineux et les appels à la violence contre les Congolais d'ethnie Tutsie et les Rwandaphones, notamment la communauté Banyamulenge, ont augmenté depuis la mi-2021 et ont été exacerbés par la résurgence du groupe armé M23, soutenu par le gouvernement rwandais.

En juin, des informations faisant état du soutien du gouvernement rwandais aux rebelles du M23 ont contribué à la violence et à la discrimination à l'encontre des Rwandaphones et de ceux dont la sympathie envers le Rwanda ou le groupe armé M23 était perçue comme telle (...) Les populations rwandaphones (parlant aussi bien le kinyarwanda que le kirundi) ont également été les auteurs de violences à l'encontre d'autres communautés ethniques". Le BCNUDH [Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme de la MONUSCO, Asylos] a rapporté que les discours de haine et les violences anti-rwandaphone étaient les plus répandus dans les Hauts Plateaux, notamment dans les territoires de Fizi, Uvira et Mwenga, dans la province du Sud-Kivu. Dans ces régions, le conflit opposait souvent la communauté Banyamulenge aux communautés Bafuliiru, Bayindu-Banyindu et Babembe et se caractérisait par l'implication de multiples groupes armés et milices organisés en alliances ethniques et communautaires. Les médias ont rapporté que les individus de Rwandaphone au Nord et au Sud-Kivu se sont vus refuser l'accès aux restaurants et aux magasins et que certaines entreprises appartenant à des individus de Rwandaphone ont été pillées ou détruites. [Traduit de l’anglais par Asylos] »

SOURCE ORIGINALE :

« Hate speech and calls for violence against Congolese ethnic Tutsi and Rwandaphones, including the Banyamulenge community, increased since mid-2021 and was exacerbated by the resurgence of the M23 armed group, supported by the government of Rwanda.

In June, reports of Rwandan government support to M23 rebels contributed to violence and discrimination against Rwandaphones and those with a perceived sympathy towards Rwanda or the M23 armed group (...) Rwandaphone populations (both Kinyarwanda and Kirundi speakers) were also perpetrators of violence against other ethnic communities. The UNJHRO reported that anti-Rwandaphone hate speech and violence was most prevalent in the High Plateaus, including in the territories of Fizi, Uvira, and Mwenga in South Kivu Province. In these areas, conflict often pitted the Banyamulenge community against the Bafuliiru, Bayindu-Banyindu, and Babembe communities and was characterized by the involvement of multiple armed groups and militias organized in ethnic and community-based alliances. Media reported that Rwandaphone individuals in North and South Kivu were denied access to restaurants and shops and that some businesses owned by Rwandaphone individuals were looted or destroyed. »

Département d'État des États-Unis, ‘2022 Country Reports on Human Rights Practices: Democratic Republic of the Congo’, 20 mars 2023, consulté le 20/09/2023.

 

  • « Deux principaux discours dominent actuellement la guerre de l'information autour du conflit : l'une est regroupée autour du gouvernement congolais à Kinshasa, l'autre est pro-M23 et pro-Rwanda. [...] La sécurité des civils tutsis a été un champ de bataille clé dans la guerre de l'information actuelle. La rébellion du M23 a déclenché une nouvelle recrudescence du sentiment anti-Rwanda et par association anti-Tutsi en RDC, menant à des incidents violents, notamment des lynchages. Ici aussi, l'environnement en ligne amplifie les tensions réelles, intensifiant sa vitesse et regroupent les discours de haine provenant de sources disparates - membres de la diaspora, politiciens de l'opposition à Kinshasa et groupes armés dans l'est du pays. Le camp pro-M23 et pro-Rwanda s'en est saisi pour diffuser l'idée qu'un génocide contre les Tutsis est en cours, et démontrer l'incapacité de Kinshasa à protéger ses propres citoyens. Le gouvernement de Kinshasa est, quant à lui, dans une situation pénible entre injonctions à ses citoyens de s'abstenir de participer à des violences populaires et exploitation de la vague de sentiments anti-Rwandais pour renforcer sa position en vue des prochaines élections à la fin de cette année. [Traduit de l’anglais par Asylos]»

SOURCE ORIGINALE :

« Two main narratives currently dominate the landscape of information warfare on the conflict: one is clustered around the Congolese government in Kinshasa, the other is pro-M23 and pro-Rwanda. [...] The security of Tutsi civilians has been a key battleground in the current information war. The M23 rebellion has triggered a new upsurge of anti-Rwanda and associated anti-Tutsi sentiment in DRC, leading to incidents of violence, including lynchings.

Here too, the online environment amplifies real-life tensions, intensifying its speed and connecting hate speech from disparate sources – diaspora members, opposition politicians in Kinshasa, and armed groups in the east. The pro-M23 and pro-Rwanda camp has seized upon this to propagate the claim that a genocide against the Tutsi is under way, demonstrating Kinshasa’s failure to protect its own citizens. The government in Kinshasa is, meanwhile, treading a difficult line between calling on its citizens to refrain from popular violence and harnessing a wave of anti-Rwanda sentiment to reinforce its position ahead of elections later this year. »

The New Humanitarian, Vogel C. and Verveijen J., ‘How to avoid false narratives around DR Congo's M23 conflict. Struggles over fact and meaning create real effects on the ground’, 23 janvier 2023, consulté le 14/02/2023

 

  • « Les politiciens Congolais ont réussi à présenter le Rwanda – qui a envahi ce qui est aujourd'hui la RDC pendant les guerres du Congo (1996 à 2003) – comme le principal ennemi du pays. Après les guerres, le soutien du Rwanda aux insurgés dans l'est de la RDC a renforcé les préjugés contre de la minorité Tutsi, qui appartient à la communauté élargie des «Banyarwanda » (groupes considérés comme historiquement originaires du Rwanda). Une autre minorité qui n'a pas participé aux insurrections soutenues par le Rwanda depuis les guerres, mais qui y est toujours associée, est la communauté Banyamulenge de la province du Sud-Kivu. [Traduit de l’anglais par Asylos] »

SOURCE ORIGINALE:                                             
«  Congolese politicians have successfully framed Rwanda – which invaded what is now DRC during the Congo Wars (1996 to 2003) – as the country’s main enemy. Following the wars, Rwanda’s support for insurgents in eastern DRC reinforced prejudices against the Tutsi minority, who belong to the wider “Banyarwanda” community (groups considered to come historically from Rwanda). Another minority that has not supported Rwandan-backed insurgencies since the wars, but still remains associated with them, is the Tutsi-related Banyamulenge community of South Kivu province. »

Open Democracy, Thomas Shacklock and Delphin Rukumbuzi Ntanyoma, ‘Why ‘liberal peacebuilding’ isn’t delivering for DR Congo’s ethnic minorities’, 6 décembre 2022, consulté le 10/02/2023.

 

  • « […] Donc nous somment en phase d'une situation extrêmement complexe, dans laquelle l'idéologie joue un rôle majeur. L'idéologie du génocide, cette idéologie que s'est transmise en République Démocratique du Congo par la diaspora génocidaire, et notamment par les groupes armés qui ont suivi la quasi-dissolution des forces armées Rwandaise après 1994 et bien sûr, en tout premier lieu.  Donc, la véritable observation c'est cette idéologie qui non seulement hante l'ensemble de ces acteurs et qui risque de conduire à un nouveau génocide de Tutsi mais cette fois-ci au Congo, et puis cette idéologie qui marque en même temps les médias internationaux par ce caractère un peu obsessionnel de renverser les situations et les responsabilités entre les victimes et les bourreaux et d'accuser finalement le Rwanda ou les Tutsi d'être non pas des victimes mais d'être des bourreaux. C'est très frappant de voir cette espèce de thème récurrent qui pollue en quelque sorte ces analyses de l'ONU qui sont beaucoup plus subtiles et beaucoup plus intéressantes de ce qu’on lit ici et là dans des gros titres ou dans des articles assez sommaires. 

[...] Le véritable problème c'est la prévalence de cette idéologie de la haine anti-Tutsi, qui s’est développée ces derniers mois à la faveur des réseaux sociaux, et puis de la manipulation de l'opinion publique à des fins politiciennes […] . [Transcrit par Asylos]»

Rwanda TV, La RDC doit lâcher les FDLR pour avoir la paix: Jean François Dupaquier, décembre 2022, consulté le 14/02/2023

 

  • « Il y a également des facteurs de risque potentiels attribués à l'origine ethnique ou régionale d'une personne à Kinshasa. L'organisation humanitaire internationale en RDC a déclaré que toute personne perçue comme étant associée au Rwanda serait confrontée à une discrimination sévère dans toutes les parties de la société. En outre, la source a souligné que cette discrimination à l'encontre des Rwandophones se produisait dans toute la RDC. Le professeur Bazonzi a expliqué que la communauté rwandophone de la RDC est perçue comme une communauté étrangère qui a des difficultés à s'intégrer dans la société congolaise. Ainsi, toute personne appartenant aux groupes ethniques Banya (Banyamulenge, Banyarwanda) ainsi que les Hutus et les Tutsis risquent d'être discriminés et harcelés, selon l'organisation humanitaire internationale en RDC. Les groupes ethniques Banya ont migré aux dix-huitième et dix-neuvième siècles vers ce que l'on appelle aujourd'hui la province du Sud-Kivu. [...]

Le professeur Bazonzi ajoute que certaines parties des Banyamulenge ne possèdent pas la citoyenneté congolaise. [...]

À la question de savoir s'il existe des barrières culturelles ou ethniques dans le système éducatif à Kinshasa, la source a déclaré que toute personne perçue comme étant associée au Rwanda serait confrontée à une discrimination sévère - pas seulement au sein du système éducatif - mais dans toutes les parties de la société. De plus, les sources ont souligné que cette discrimination à l'encontre des personnes rwandophones se produit dans toute la RDC. Ainsi, toute personne appartenant à l'un des groupes ethniques Banya (Banyamulenge, Banyarwanda, Banyambisha) ainsi que les Hutus et les Tutsis risquent d'être victimes de discrimination et de harcèlement. La source a même entendu dire que des personnes n'appartenant pas à ces groupes ethniques avaient été attaquées parce que les agresseurs pensaient que les victimes ressemblaient simplement à des Tutsis. La source explique qu'il existe des tensions entre les Rwandophones et d'autres groupes ethniques en RDC depuis l'époque coloniale, mais que depuis 2020, les discours de haine à l'encontre des personnes associées au Rwanda ont considérablement augmenté sur les médias sociaux et ailleurs en raison des tensions croissantes entre les deux pays. [Traduit de l’anglais par Asylos] »

SOURCE ORIGINALE :

« Professor Bazonzi added that parts of the Banyamulenge do not possess Congolese citizenship. [...]

When asked whether there are any cultural or ethnic barriers to the educational system in Kinshasa, the source stated that anyone perceived as being associated with Rwanda would face harsh discrimination – not just within the educational system – but in all parts of society. Moreover, the sources stressed that this discrimination against Rwandaphone people happens all across the DRC. As such, any person belonging to any of the Banya ethnic groups (Banyamulenge, Banyarwanda, Banyambisha) as well as Hutus and Tutsis are at risk of being discriminated against and harassed. The source has even heard of people not belonging to of these ethnic groups being attacked because the attackers thought the victims merely looked like Tutsis. The source explained that there has been tensions between Rwandaphone people and other ethnic groups in the DRC since colonial times, but since 2020, there has been a dramatic increase in hate speech against people associated with Rwanda on social media and elsewhere due to the increasing tensions between the two countries. »

Service d’immigration danois, ‘Brief Report: Democratic Republic of the Congo – Socioeconomic conditions in Kinshasa’, pp. 13, 40-41, octobre 2022, consulté le 29/09/2023

 

  • « La perception commune est que les Banyamulenges ne sont pas vulnérables en raison de certaines protections et des efforts d'intégration au sein des structures politiques et de sécurité du pays. Cependant, de tels développements créent de fausses impressions sur la sécurité dont bénéficient les Banyamulenges. Bien que la loi sur la nationalité de 2004 ait été rédigée pour inclure les Banyamulenges, de nombreuses personnes aux niveaux local et national continuent à refuser leur citoyenneté. Les hostilités ont obligé les Banyamulenges à se rapprocher du gouvernement, mais avec prudence. Leur décision de se joindre plus tard aux insurrections soutenues par le Rwanda et aux opérations de contre-insurrection ont renforcé les préjugés. Les élites Tutsi et Banyamulenge occupant des postes de haut rang dans l'État représentent de petites avancées dans leurs luttes pour l'acceptation. On risque de revenir en arrière tout en renforçant les théories du complot d'une infiltration rwandaise. La solidarité gouvernementale demeure également précaire. Lors d'une conférence de la diaspora à Londres en 2020, la déclaration du président Tshisekedi, selon qui les Banyamulenges étaient congolais, a provoqué une réaction hostile. De plus, les positions des élites ne reflètent pas la situation de la communauté au sens large. Le rôle des élites de toutes les communautés dans la contribution aux activités des groupes armés est lié aux défis structurels du pays en matière de militarisation et de gouvernance inefficace. Pendant ce temps, les tentatives de la MONUSCO et de l'armée (FARDC) pour lutter contre la violence éclipsent les moments où elles n'empêchent pas les attaques et certains soldats des FARDC soutiennent les Maï-Maï. De telles complexités contextuelles masquent la vulnérabilité des Banyamulenges [Traduit de l’anglais par Asylos]. »

SOURCE ORIGINALE :

« There are perceptions that Banyamulenge are not vulnerable because of certain protections and integration efforts within the country’s political and security structures. However, such developments create false impressions of the security Banyamulenge enjoy. Despite the 2004 nationality law being worded to include Banyamulenge, many people locally and nationally still reject their citizenship. Hostilities have necessitated that Banyamulenge move closer to the government, yet with caution. Their decisions to join both Rwandan-backed insurgencies and counterinsurgency operations later have reinforced prejudices. Tutsi and Banyamulenge elites in high-ranking state positions represent small gains made in their struggles for acceptance that risk being reversed while reinforcing conspiracy theories of a Rwandan infiltration. Government solidarity also remains precarious. At a diaspora conference in London in 2020, President Tshisekedi’s declaration that Banyamulenge were Congolese provoked a hostile reaction. Additionally, the positions of elites do not reflect the broader community’s situation. The role of elites from all communities in contributing to armed group activities links with the country’s structural challenges of militarization and ineffective governance. Meanwhile, attempts by MONUSCO and the army (FARDC) to tackle violence overshadow times where they do not prevent attacks and some FARDC soldiers support Mai-Mai. Such contextual complexities obscure the Banyamulenge’s vulnerability. »

Genocide Watch, Tom Shacklock, ‘Addressing the Banyamulenge’s Plight in DR Congo’, 7 octobre 2022, consulté le 20/02/2023.

 

  • « L’Équipe d’experts internationaux relève également que le climat de confiance entre les populations s’est considérablement détérioré. En outre, les autorités de la République démocratique du Congo et une grande partie de la population accusent le Rwanda de soutenir le M23. Cette suspicion généralisée a provoqué des discours de haine et engendré des appels à la violence et à la discrimination contre les populations rwandophones. Malgré les condamnations et les mesures prises par le Gouvernement pour faire cesser ce genre de discours, des victimes ont été déplorées. »

UN, ‘Rapport de l’Équipe d’experts internationaux en République démocratique du Congo’, 18 aout 2022, p. 5, consulté le 07/02/2023.